Note d'intention musicale pour ENTRE-DEUX I & II

La composition du premier film s'appuie sur une pulsation rythmique, sourde, qui dans ses cassures, arrêts et reprises évoque une idée de continuité mise à mal par les aléas de la matière, en l'occurrence les différents états physiques de l'eau qu'elle soit liquide, gazeuse ou solide. Entre pérennité et fragilité.

Une deuxième strate de la composition repose sur une opposition eantre des sons vastes et éthérés, fortement spatialisés, et d'autres, au contraire, beaucoup plus proches, secs et directs. Entre immensité et intimité.

Pour le second film, c'est en utilisant un schéma harmonique proche de ceux utilisés par les compositeurs impressionnistes français (Ravel, Satie, Debussy) que la musique entend proposer d'autres espaces imaginaires. Les climats ainsi créés s’affranchissent de l’habituelle opposition tension / résolution pour s'intéresser, au contraire, à une forme d'immobilisme mouvant. Tout se passe comme s'il n'y avait ni début ni fin, ni espoir ni crainte.

La musique n'annonce rien, n'appelle rien, pas plus qu'elle ne résout quoi que ce soit. Entre mouvement et immobilité.

Parallèlement à ce travail harmonique, un ensemble de sons concrets, fait de craquements, suintements, bruits d'air et d'eau qui vont et viennent de manière apparemment aléatoire, s'attache à créer un contrechamp « terrien » à cette première couche plus « aérienne ». Entre l'esprit et le corps.

Ces deux pièces accordent une importance toute particulière aux textures et sonorités qui les constituent, éléments aussi importants que le travail de composition musicale à proprement parler. Il s'agit d'évoquer un univers avant tout tellurique, quasi tangible, matériel et sensible.